Charlotte Pistorius [Terminée]

Cette différence qu'ils n’acceptèrent jamais...

Je n'ai jamais compris pourquoi mes parents ne m'ont pas accepté comme tous les autres. Pourquoi dès ma plus petite enfance ils ont commencé à me battre sans aucune raison, pourquoi mes neufs frères et sœurs n'ont jamais cherché à me défendre et ni pourquoi j'avais cette impression constante de ne pas faire partie de cette famille. J'ai versé tant de fois toutes les larmes de mon corps sous les coups de mon père et l'indifférence de ma mère. Je n'ai jamais connu d'autre personnes de ma famille. Je me dis que peut-être eux m'auraient apprécié et traité normalement. J'ai essayé plusieurs fois de parler à mes parents, d'essayer de les raisonner, de les supplier d'arrêter de ma battre, de ne pas faire de différence entre moi et les autres, mais je n'avais le droit pour réponse que deux fois plus de coups. Une cicatrice à l'arcade, c'est le seul souvenir visible que mes parents m'ont laissé mais beaucoup sont encore enfouis en moi et n'en sortiront pas. Je regrette mon enfance, je regrette de ne pas avoir été une fille normale, ou plutôt je le regrettais.

Ma délivrance, mon seul combat, mon ange; Siobhan.

Qu'est-ce que vous feriez vous, si vous aviez été battu pendant des années, si vous aviez été à l'écart de toute votre famille pendant les années, si vous aviez tout simplement été différent ? La décision que j'ai prise ce jour là était bien loin d'être la plus facile que j'eus à prendre dans ma vie, je dirais même que ce fût la plus difficile. Décider de quitter sa vie comme ça, sans rien demander à personne, se retrouver à la rue en quelques secondes seulement pour échapper à de nouvelles souffrances peut paraître facile ou même évident pour certains. Pour moi ça ne l'était pas. J'avais quitté ma petite maison un sac avec quelques vieilles affaires dedans. C'était la seule chose que j'avais, et ne parlons pas d'argent, je n'en avait encore jamais vu la couleur à cette époque là. Après mon enfance solitaire, je devais faire face à un "voyage" solitaire à seulement 15 ans. La seule solution que j'ai trouvé pour ne pas prendre le risque de revoir ma famille un jour, c'était de partir, loin. Alors j'ai marché, pendant des heures entières, j'ai du passer une nuit à dormir dans un coin au bord de la route puis j'ai repris ma route en levant le pouce aux voitures qui passaient avec le faible espoir qu'une d'elle s'arrêterai.

C'est comme ça que je l'ai rencontrée. Elle s'est arrêtée sur le bord de la chaussé et m'a chaleureusement demandé où est ce que j'allais. Son sourire sur le visage et sa simple bonne humeur avait réussi à me redonner ne serait-ce qu'un peu le sourire.J'osais pas lui dire que je ne savais pas où aller en vérité, j'avais tellement peur qu'elle reparte en me disant qu'elle ne  pouvait rien pour moi et tout ça accompagné d'un sourire triste. Et en y repensant, si je lui ai avoué, c'est juste parce que je n'avais pas l'envie ni même le courage de lui mentir. Elle semblait tellement gentille, je ne voulais pas la décevoir ou la trahir alors qu'on ne se connaissait même pas. Heureusement, elle n'est pas repartie  et m'a même ouvert la portière pour que je monte avec elle. A ce moment là, je crois que j'étais la personne la plus heureuse de la terre.Je n'avais jamais reçu tant de gentillesse de la part de quelqu'un. On a roulé pendant des jours entiers, et on a parlé pendant des jours entiers. La journée on roulait et le soir on couchait les sièges de la voiture pour dormir. Tous les soirs je sentais son souffle croiser le mien et son odeur de parfum fleuri emplir la voiture. Elle m'a dit qu'on ne s'arrêterai que quand je le voudrai. J'ai hésité longtemps avant de lui dire de s'arrêter, je me sentais tellement bien en sa présence, elle était la seule avec qui je me sentais normale. On a été amies, pendant longtemps, puis j'ai enfin compris ma différence,j'ai enfin compris ce que je ressentais pour Siobhan Ce n'était plus de l'amitié mais bel et bien de l'amour. Un amour passionnel et indéfinissable. Un amour qui ne s'est jamais tari, ni avec le temps, ni avec les épreuves, un amour que je ne cessais de lui répéter chaque jour de ma vie et un amour qu'elle me rendait. C'est ensemble qu'on a décidé de vivre pleinement notre amour à l'abris de tous les regards. C'est d'ailleurs pour ça qu'on est allé à l'Hôtel Fitzgerald sans savoir qu'on en ressortirai jamais.

C'est moi qui suis morte la première. J'étais dans le parc ce soir là et Siobhan devait m'y rejoindre. J'ai été tuée à coups de couteau. Siobhan aurait voulu me venger, mais je n'ai jamais su qui m'avait tué ce soir là. La pauvre à été terrassée par la douleur et à décidé de me rejoindre en se suicidant, la plus belle preuve d'amour qui puisse exister. Nous savons toutes les deux que nous sommes condamnées à hanter l'hôtel à tout jamais, mais j'en suis heureuse: je pourrais vivre éternellement avec mon ange, Siobhan.