Un moment au parc ( Anja et Maddox)

Les journées à l'hôtel étaient étranges, à la fois elles ne se ressemblaient pas, et à la fois on retrouvait quelque chose d'assez irréel. Le jeu permettait de continuer à vivre comme si de rien était. Etre une enfant pour l'éternité avait ces points positif. On ne lui en voudrait jamais pour les bêtises... C'était plutôt bien ça non? A jamais avoir des gens qui voulaient bien jouer avec elle. Le seul hic c'est qu'il n'y avait pas d'enfant de son âge. Même si tout le monde était à ses côtés, c'était pas la même chose.
Cette après-midi promettait d'être belle, et Judith demanda à aller dans le parc pour en profiter. Ils ne pouvaient pas quitter les prémices de l'hôtel, mais ça ne voulait pas dire qu'il fallait rester enfermé au risque de devenir complètement barjo... Rien avoir avec le barjomi... en plus la miss comprenait pas comment les adultes pouvait boire ce truc.
Arrivée dans le parc, Judith avait le sourire aux lèvres, elle attrapa un ballon et demanda

"Maman, tu veux jouer avec moi?"

Maddox y était aussi, apparemment il avait eu la même idée . La blondinette ne savait jamais vraiment comment se conduire quand il était là. Leur relation était décidément très étrange. Lui et sa maman étaient fâchés du coup la blondinette se demandait comme celle-ci allait réagir à sa présence.

"Salut Maddox"

Souffla alors la petite en l'observant, la salutation avait été faite par politesse. C'était son frère, son ami, son tueur. La miss finit par lui tourner le dos pour jouer avec sa maman.. Judith se retrouva à penser que malgré son corps de petite fille elle se retrouverait un jour à avoir de réels sentiments pour quelqu'un d'autre.. Mais serait-ce seulement possible? Maddox lui avait enlevé l'espoir d'un tel futur. Cette pensée lui fit un peu peur. Surtout si ces sentiments s'étaient aussi compliqués qu'entre sa mère et son père... En fait rien que d'y penser ça si donnait mal à la tête.
Remarque, du temps ce n'est pas qui lui manquait, alors tant qu'à faire penser à autre chose, l'enfant se contenta alors de sourire tandis qu'elle encourageait Anja à jouer avec elle. Judith espérait sincèrement que la présence de ce drôle de personnage n'allait pas entâcher une après-midi qui avait si bien commencé.

" tu veux bien jouer au ballon ou tu préfère cache-cache ?"

Faire comme si Maddox n'était pas là, était-ce bien la bonne solution? Pas sûr, mais bon il fallait espérer une journée sans drames... Si possible

Une putain de cérémonie. C'était la seule chose qu'ils avaient trouvé pour réparer leurs erreurs. Si ces cons ne s'étaient pas révoltés contre la propriétaire de cet hôtel, ces jeunes gens ne seraient jamais morts. Ils seraient encore là, parmi nous. Il fallait être discret, il fallait se fondre dans le décor dans un endroit comme celui-ci, où chaque souffle risque d'être le dernier, où chaque pas nous rapproche un peu plus de la mort. J'étais allé sur la tombe des disparus et y avais disposé des fleurs. Puis, comme j'en avais l'habitude, j'allais, une fois par semaine, déposer un bouquet de fleurs sur la tombe de Judith. Aujourd'hui était ce jour. Le visage dur, les cheveux devant le visage, et les pieds nus, je quittais le tombeau et me dirigeais vers le hall. J'avais besoin d'air, j'étouffais ici, dans cet hôtel, entouré de tous ces morts. Des morts. Comme Anja. Comme Judith. Je chassais ces idées de ma tête et laissais mon corps me guider. Me guider jusqu'au parc. Je marchais, pieds nus, sur le sol froid, délicatement réchauffé par le soleil. Ce soleil que je regardais. Et je cessais lorsque je sentis mes yeux me piquer. Je ne voulais pas être aveugle pour l'éternité. Je baissais alors le regard et observais les alentours. Mon cœur s'arrêta alors. Anja était là, Judith à ses côtés. Je m'asseyais sur un banc et cachais mon visage derrière mes cheveux. Je ne voulais pas parler à Anja, et je ne voulais pas effrayer la petite. Elle semblait avoir grandit. Pas physiquement, mais dans sa manière de voir le monde autour d'elle. Je souris. Et mon sourire s'effaça. S'envola même, pour rejoindre tous les espoirs de l'enfant que j'avais tué. Je détournais le regard et tentais de retenir les larmes qui perlaient au coin de mes yeux. C'était si dur de la voir, de la regarder. Je sentis leurs pas se rapprocher, et Judith me souffla un bonjour avec discrétion. Sans relever la tête, je répondis dans un murmure inaudible : « Bonjour petit ange... » Elles se mirent à jouer, et je les regardais. C'était insupportable. Insupportable de voir deux mortes, deux personnes que j'aime, jouer comme si elles étaient quelque part, en vacances. Elles étaient mortes, et risquaient de disparaître à n'importe quel moment. Je bougeais péniblement les jambes, et me décidais enfin à lever. J'entrepris donc mon chemin pour retourner à l'hôtel, mais une voix familière m'arrêta. Celle d'Anja. Je me retournais, et posais les yeux sur Judith. Si tu savais comme je suis désolé...

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