Sujet: (Sur)vivre ~ Allan Gates - Rp Unique Ven 27 Mar - 17:09
(Sur)vivre
C'est ça quand les bébés font eux-même des bébés.
Ce lien qui nous unissait elle est moi était sûrement un des liens les plus forts qu’on puisse observer entre deux personnes. C’était un lien, indescriptible, invisible, qui semblait presque inexistant et qui pourtant était d’une résistance extrême. Ce qui nourrissait ce lien depuis si longtemps entre nous, nous était inconnu, c’était l’un des nombreux mystères de la vie. On se haïssait, on se méprisait et pourtant au fond on s’appréciait. Elle était responsable de ma mort, j’étais responsable de la sienne, on était quittes, certes, mais on aurait dû se détester, s’éloigner, s’insulter mais ce lien semblait nous en empêcher, et la situation n’arrangeait pas les choses. En effet, nous étions tous les deux coincés dans cet hôtel depuis plusieurs années, plusieurs années que je la croisais dans les couloirs tous les jours. Est-ce que je regrettais mon acte ? Non, pas vraiment. Est-ce que je lui en voulais de m’avoir tué ? Pas vraiment non plus, après tout, malgré le temps que je trouvais long, je n’étais pas si mal que ça ici, je ne pourrai jamais mourir d’ennui sachant que je suis déjà mort et j’avais absolument toutes les libertés que je voulais ici. Elles étaient peu nombreuses, ce qui est d’ailleurs compréhensible parce que dans un hôtel plein d’âmes de personnes décédées, il n’y avait pas grand-chose à faire non plus. Enfin bref, tout ça pour dire que Lily et moi, c’était une grande histoire bien trop compliquée à raconter.
A présent, j’étais assis sur le fauteuil en cuir de ma chambre un verre de Whisky à la main, je regardais dehors les branches de arbres ployer sous le vent violent de la fin de journée et comme souvent, je me posais des questions souvent sans réponse sur la vie. Est-ce qu’on méritait tous de vivre ? Ca, la réponse était claire dans ma tête non : on méritait d’avoir une chance, d’être mis au monde, d’avoir une occasion de réussir sa vie, mais un conn*rd qui fait une connerie dans sa vie ne mérite plus d’unir les battements de son cœur à toutes les autres personnes sur Terre qui elles se battent pour le bien de tous et non pas que pour le bien de leur propre personne. Et notez bien que quand je dis connerie, je ne parle pas de voler deux ou trois bonbons quand on est petits ou d’insulter quelqu’un dans sa vie, mais je parle des vraies conneries, des conneries qui nuisent à la vie des autres, on entendra toujours dire : « Oui, mais le pauvre, ce n’est pas de sa faute, c’est ses parents qui l’ont mal éduqué ! ». Comme disait un film que j’adorais étant gamin, « C’est ça quand les bébés font eux même des bébés ». Les gens n’ont plus aucune éducation, les valeurs de l’Homme sont en train de disparaitre, ensevelies sous le « pouvoir » de l’argent. Il n’y a plus qu’un mot à la bouche des gens et plus qu’une pensée dans leur tête : l’Argent. C’est à celui qui fera le plus de corruption, celui qui arnaquera le plus les autres. Les valeurs de la solidarité sont en voie d’extinction, on ne pense plus qu’à nous même, on avance sans se soucier des autres. C’est ça, avancer sans se retourner, ne pas regarder en arrière, toujours viser le pouvoir, toujours essayer de tirer son épingle du jeu dans la société grâce à l’argent. J’ai souvent rêvé que les hommes tireraient cette épingle du jeu, mais qu’ils fassent ça de manière magistrale, de manière respectable, qu’ils soient connus pour avoir aidé des dizaines de personne à être heureux dans la vie. Mais après tout, peut-être que ce sont les plus pauvres les plus heureux, peut-être que ceux qui vivent avec moins d’un dollar par jour, ils ont encore les valeurs qui ont disparu de la surface de la Terre. « Ne pas regarder en arrière » c’est sûr, ça fait mal de regarder les générations d’avant et de voir leur bonheur intarissable avec pourtant pas beaucoup de choses pour vivre. J’aimerais pouvoir retourner à cette époque-là.
Mon dernier verre de Whisky terminé, j’avais sombré dans le sommeil depuis bien longtemps, mais ces pensées venaient me hanter jusque dans mes rêves, être coincé éternellement dans un hôtel vous permettait de réfléchir pendant longtemps. Beaucoup trop longtemps. J'avais décidé que je ne changerai pas pour le monde, c'est le monde qui changerai pour moi.