Lost in stupid dreams (+) Charlotte

(+) Lost in stupid dreams

Cet endroit est macabre. Malgré sa beauté, chaque endroit, chaque air que je respire me rappelle les ténèbres. Quelque chose dans le regard des clients me terrifie. Ils ont abandonné à la minute où ils ont compris qu'ils resteraient coincé ici jusqu'à leur mort. Il n'y a qu'à attendre que cette Mary Fitzgerald rende son dernier souffle pour que nous puissions tous sortir. Cela nous coûtera temps et patience. Mais qu'importe. Toute notre vie, nous ne faisons qu'attendre que les choses nous arrivent. Alors pourquoi se priver de vivre ici, dans cet étrange endroit, en attendant que les choses changent d'elles-mêmes.
Je suis ici depuis une semaine, et pourtant le temps paraît si long. Jusqu'alors, je suis resté enfermé dans ma chambre. Mais je n'ai rencontré personne. En vérité, seule Emily occupe mon esprit. Je la revois courir vers moi, affaiblie, mes le sourire jusqu'aux oreilles. Elle pleure. Elle tend les bras, et s'effondre. Sans prévenir. Et alors que je tente de la retrouver, je me rends compte qu'elle m'est inaccessible. Quelque chose me retient dans cet hôtel, mais je ne sais pas quoi. Je hurle, j'essaye de passer outre cette barrière invisible, mais rien n'y fait. Je suis coincé, et Emily morte. Son corps ne bouge plus, son sourire a disparu, il est quelque part, effacé contre le sol. Les gens se sont regroupés autour de moi, et ne bougent pas. Ils me regardent avec tristesse, et tous retournent à leurs occupations. Quelqu'un meurt devant eux, et personne ne bouge. Quel est cet endroit...
Et puis j'ai compris. Il vaut mieux pour eux de mourir libre que de vivre enfermé. Et d'un certain côté, ils ont raison. Mais Emily était différente. Car Emily s'était battue toute sa vie pour vivre, pour vaincre sa maladie. Elle allait s'en sortir, et puis elle avait rechuté. En vérité, s'en était terminé pour elle depuis longtemps. Mais jamais n'aura-t-elle pu entrer dans cet hôtel dont elle parlait tant. Où elle espérait retrouver ses parents qui avaient soudainement disparus. Ses parents étaient morts, mais n'étaient pas ici.
Je soupire. Je dois cesser ces réflexions. Je passe la main dans mes longs cheveux bruns et me lève. Je regarde par la fenêtre. J'aurai voulu me promener, mais la pluie s'est aujourd'hui décidée à assombrir notre journée. Je prends tout de même mes cigarettes, et enfile un manteau. J'attache mes cheveux en cet éternel chignon, et sors de ma chambre. Cette chambre si vulgaire comparée au reste de l'hôtel. Je parcours le couloir, à la recherche de l'ascenseur. Il est occupé, alors je me décide à prendre les escaliers. Mais arrivé au rez-de-chaussée, je ne reconnais pas l'hôtel. Je regarde autour de moi, et aperçois quelques personnes dont une jeune femme brune qui me regarde. Je lui souris aimablement et pousse la porte qui se trouve à ma droite. Je découvre une vaste pièce, avec lustres et grands miroir. Epoustouflé, j'avance. Elle pourrait contenir des centaines de personnes. C'est une salle de bal. Je souris. J'aime cet endroit. Du moins, cette pièce. Je décide donc de m'assoir au milieu de la pièce, et je m'allume une cigarette. Je regarde avec admiration les grands lustres au dessus de moi. Ils me font penser à ceux dans les dessins animés Disney, de prince et de princesse. Je souris. J'aimerai en regarder un. C'est alors que j'entends une porte se refermer, et je me redresse alors. J'ai peur. Je ne sais pas pourquoi, mais cette pièce me semble soudainement des plus effrayantes. Que vais-je devenir si chaque endroit dans cet hôtel m'inspire le danger?

crackle bones

(+) Lost in stupid dreams

Siobhan était partie, je ne sais plus où, mais j’avais le vague souvenir de ses lèvres embrassant les miennes puis de la porte de la chambre qui se ferme derrière elle. Juste après son départ, j’avais sombré dans le sommeil encore une fois. Comme tous les soirs,  j’étais rentrée tard du boulot, trop tard. J’avais dormi à peine deux heures. Depuis que j’avais mis les pieds ici, je m’apercevais avec tristesse que je ne rêvais plus. Peut-être que c’était mieux finalement, parce qu’avant ma rencontre avec Siobhan, ce ne sont que des pensées noires qui hantaient mes nuits. Je me souviens encore des deux ou trois nuits que j’avais passées avec Siobhan en dehors de cet hôtel. C’était les plus belles nuits de ma vie, c’était les premières fois depuis longtemps où je me sentais reposée à mon réveil et ou j’avais un sourire constamment collé au visage. Ici, ce n’était pas tellement différent,  j’avais Siobhan, elle m’avait, il ne manquait que les rêves. Bref, je m’étais levée vers les midis, j’étais descendu au rez-de-chaussée, avait mangé vite fait un sandwich tout en discutant avec des « clients » de l’hôtel que je connaissais depuis longtemps.


Et c’est là que je l’ai vu passer, le gars que j’avais vu il y a quelques jours devant la grille de l’hôtel en me promenant, le gars qui rejoint par une femme, de son âge, l’avait vu mourir sous ses yeux, sans pouvoir faire quoi que ce soit puisqu’il était coincé ici. Quand j’avais vu ça, j’avais préféré partir. J’aurais dû aller le voir, le consoler, l’aider, mais je savais que tout ce que j’aurais pu lui dire ou faire, lui serait été inutile, la douleur qui se lisait sur son visage en disait bien trop pour que je serve à quelque chose. Et puis j’avais eu peur. Non pas peur de lui ou de celle que je pensais être sa copine, juste peur de me retrouver un jour dans la même situation que lui, peur de me retrouver impuissante face à la perte de Siobhan. Je ressentais tellement de peine et de compassion pour lui. Il m’adressa un sourire puis rentra dans l’une des nombreuses salles de l’hôtel. Je me levai, et me dirigeait vers la même pièce que lui quelques secondes plus tard, je me devais d’aller lui parler. Je rentrai et fermai la porte derrière moi, assis au centre de la pièce il sursauta.

Désolée, je ne voulais pas vous faire peur… Je peux ? lui demandais-je en m’approchant de lui

crackle bones

(+) Lost in stupid dreams

C'était bien trop dur de vivre ici sans Emily. Emily pour qui j'étais venu dans cet hôtel sans savoir que j'y resterai pour toujours. Emily qui était morte sous mes yeux avant même de m'avoir rejoint. Emily pour qui, désormais je le savais, j'avais abandonné ma famille, et tous mes projets d'avenir. Ma quête de l'amour n'avait servit à rien, car désormais, je restai coincé ici, seul, des souvenirs pleins l'esprit, et des peurs qui ne me quittaient guère. J'avais beau prétendre que tout allait bien, que je vivais parfaitement la situation, c'était un mensonge, un mensonge destiné à me faire accepter cette triste réalité. Je voulais m'isoler, faire en sorte que la solitude rende les choses moins pénibles, qu'elle me fasse oublier que sous ses airs de luxueux hôtel, cet endroit était une prison. Je ne comprenais pas comment une telle chose pouvait être possible. La magie existait-elle? Comme dans les livres Harry Potter que j'avais de nombreuses fois dévoré avec envie? Ces choses qui m'avait distraite, qui m'avait fait rêvé, désormais je les détestais. Autrefois, elles n'étaient qu'un moyen de stimuler mon imagination, et désormais, je me rendais compte que ce qu'on lisait dans les livres, pouvaient représenter la réalité. Et j'aurai largement préféré risquer ma vie contre une armée de Mangemort que de me savoir condamné à l'errance perpétuelle jusqu'à mon dernier souffle.
Alors aujourd'hui, je m'étais éloigné. Enfin décidé à quitter ma chambre dans laquelle je m'étais bien trop caché. Puisque ce domaine était désormais ma maison, je me devais d'en connaître les moindres recoins. C'est donc sans réfléchir que je m'étais aventuré dans cette salle de balle, sans avoir l'idée qu'on puisse venir m'y rejoindre. Mais je m'étais trompé, comme toujours, et cette fille à qui j'avais adressé un court sourire, m'avais rejoint. Elle voulait me tenir compagnie, alors je souriais et la laissais s'installer près de moi. Elle aussi était jeune. Trop jeune pour vivre dans un tel endroit, dans un tel malheur. Et je voyais à son visage doux et frais qu'elle n'avait pas mon âge. Je ressentis une immense peine, une immense tristesse pour cette jeune demoiselle qui s'était fait prendre au piège. Mais je savais que je ne devais pas réagir ainsi, car tout le monde, dans cet hôtel, était victime. Et je n'avais pas assez de larmes pour pleurer chacun de ses habitants.
Je tournais la tête vers elle et demandais : « Besoin de solitude? » Je lui adressais un triste sourire et balançais ma tête en arrière avec lassitude. C'était trop pour un seul homme, un seul cœur, une seule vie. Et je n'osais imaginer l'horreur qu'avait vécu et vu les autres fantômes de cet hôtel. Car même si je ne croyais en aucun cas aux fantômes, à la résurrection, et à toutes ces choses, je voyais dans les couloirs de l'hôtel des âmes, des corps errant, sans aucune conviction, sans aucun but. Nous n'étions plus que l'ombre de nous même. « Lazar. »Me présentais-je soudainement. J'avais abandonné l'idée d'être seul, car au final, il valait mieux se faire des amis dans un endroit si sombre et si corrompu.