Pâris + Riot club

10 ans : être ou ne pas être.

« Pâris, tiens toi droit. » Je soupire. Mon père se tient devant nous, angoissé. A côté de moi, ma petite sœur Ren, se montre toute excitée. Ce n'est qu'une gamine, elle m'agace. Aujourd'hui, mon père doit voir un homme, un homme important. Il ne nous a jamais expliqué quelles étaient les raisons de cette visite, mais il nous a lourdement précisé que nous devions nous tenir à carreau. Alors nous sommes là, devant notre grande maison que nous risquons peut-être de quitter bientôt et attendons que l'homme se gare. Il sort de la voiture, et derrière lui, un enfant descend. Mon père le regarde, lui sourit et lui tend la main. Il a l'air inquiet, il a l'air stressé. Je n'aime pas ça. Je tourne la tête vers Ren, elle sourit, elle a les yeux rivés sur le gamin - qui, au passage s'appelle Jamie. Je fronce les sourcils. Je ne comprends pas, je ne comprends pas parce que... Parce qu'elle ne m'a jamais regardé ainsi. Ren ne m'a jamais accordé son attention, et je n'ai jamais réussi à passer du temps, à lui parler, à lui raconter mes journées. Plus jeune, elle jouait avec moi sans grand intérêt. Ma sœur ne m'a jamais aimé, et là, dès l'instant où ses yeux se sont posés sur ce Jamie, j'ai senti qu'elle tiendrait à lui comme elle n'a jamais tenu à personne. J'avais perdu ma sœur, ma petite sœur. Je regarde tour à tour les deux hommes, puis ma sœur. Et je pars en courant. Je monte dans ma chambre et ferme la porte à clef derrière moi. Je reste longtemps là, à tourner en rond. J'enlève mes vêtements, je les jette dans la pièce et j'attrape ma combinaison Chewbacca. Je m'enroule dedans, et me mets à pleurer. C'est un échec. Je n'ai plus de sœur. Cette sœur à qui je faisais des grimaces, pour qui je créais de délicieux potages lorsqu'elle ne savait pas mâcher, à qui j'ai appris de nombreux mots. Je plonge ma tête dans mon oreiller. Un jour, je veux lui faire payer, je veux lui faire payer le fait de ne pas m'aimer. Je me relève et attrape mon petit appareil photo. J'appuie et laisse le flash m'éblouir. Puis je pleure. Et je repense à ma mère. Ma mère qui nous a abandonné lorsque les affaires de mon père se sont cassés la gueule, lorsqu'il a décidé de mettre notre manière de vivre dans des jetons de jeu. Lorsqu'il a perdu, et tout perdu. Une femme, une famille, mais aussi l'amour d'une fille. Quelque part, il l'avait perdu elle aussi, si elle n'était pas capable d'aimer un frère, pouvait elle être capable d'aimer un père? Je n'en étais pas sûre. Je n'avais pas le sentiment que Ren était attachée à cette famille. Je n'avais pas le sentiment qu'elle était réellement une Rottenford. Elle n'était peut-être pas née dans la bonne famille, mais ce n'était pas une raison pour nous ignorer. Je baissais les yeux et soupirais. Je devais redescendre. Cet homme, me disait mon père, elle était le seul moyen pour nous pour que je puisse aller à Oxford. Il me l'avait très bien fait comprendre, et je ne devais pas gâcher tout cela à cause de ma sœur. Alors je retirais ma combinaison Chewbacca et remettais soigneusement mes vêtements. Lorsque je descendis, j'étais beau, bien habillés, mes cheveux blonds tirés en arrière, le dos droit et un simple sourire sur mes lèvres. L'homme me salua chaleureusement avec un sourire et je restais là, à écouter leur conversation, à attendre qu'elle se termine pour que je puisse retourner dans ma chambre. Seul.

18 ans : Riot club

« PÂRIS! PÂRIS!!! » L'alcool s'infiltre dangereusement dans ma gorge sous les cris et les encouragements des membres du Riot. Ce cercle très fermé est réservé à seulement quelques élèves riches d'Oxford. Bientôt, j'en ferai parti. Je souris en pensant à mon père, il ne me pensait pas faire un jour parti de ce cercle. Il ne pense pas que je puisse en faire parti. Il ne le sait pas. Pourtant, quelques semaines auparavant, mon voisin de chambre, Peter était venu me voir en me proposant de rencontrer ses amis. J'avais dit oui sans hésiter, et me voilà ainsi. Je regarde à côté de moi, Arsène aussi, la nouvelle recrue, tout comme moi, descend l'alcool comme ce n'est pas permis. J'ai peur que son corps frêle ne supporte pas, mais je vois déjà ses bouclettes châtains se coller sur son front. Il a chaud, je vais gagner. Les secondes continuent de s'écouler, et moi, je ne m'arrête pas. Je bois ce vin rouge sans m'arrêter. Un grand cru paraît-il. Je n'en sais rien, je ne connais rien au vin. Il finit par tousser et se reculer, crachant ses poumons au sol. Peter lève ma main en hurlant et je cesse de boire, enfin. Première manche gagnée. Puis la prochaine étape arrive. On me bande les yeux. On me demande de répondre à la bonne question. Dans ce verre ce trouve un autre vin, et des vers. Je dois deviner ce que c'est. Bonne réponse, pour Arsène et moi. Ex aequo. Enfin, la dernière étape, pour ce soir arrive. Peter me pose de nombreuses questions, et me donne les réponses. Je dois les retenir. On me demande de courir. Tous les dix mètres, je dois boire un shot de tequila. J'ai cent mètres à parcourir. Arrivé au centième, je récite en buvant un grand verre de whisky tous ces réponses après que Peter m'ai reposé les questions. J'ai tout bon. C'est une victoire. Arsène lui, jonche le sol, et vomit. « Bienvenue au Riot Club les gars. » Nous annonce alors Peter en souriant.
Le lendemain, après avoir dormi à la bibliothèque, je décide de rentrer. Malgré les quelques mots de Peter, rien n'est sûr. Arsène et moi sommes censés recevoir une confirmation des membres du Riot sur notre acceptation ou non dans le cercle. Et en rentrant dans ma chambre, je la découvre saccagée. Au mur est écrit avec une peinture noire "Riot Club". Ca put la pisse. Sur le bureau retourné, je découvre un liquide blanc, gluant. Du sperme. Ces mecs sont dégueulasses, mais je saute de joie et sors en courant pour aller rejoindre Arsène. Lui aussi sa chambre a été saccagée. Il me saute dans les bras, et nous passons le reste de la journée à remettre en ordre nos chambres. Ce n'est que le début, nous le savons. Il nous reste une étape, et enfin, ce fameux repas. Ce fameux repas en tenue. Je suis si pressé.

18 ans : Camille. Part 1.

Peter avait entendu parler d'un putain de petit village. Vous savez, ce genre de villages où un mec se tape toutes les bombasses qui habitent aux alentours? J'aimais l'idée. J'voulais y aller, juste pour poser des questions, et trouver le secret de cet homme. Paraît qu'il s'appelait Brown. J'étais tellement pressé, tellement pressé de parler à cet homme et de revenir avec une feuille, à l'origine blanche, remplie d'explications. C'était la dernière étape. Oui, c'était la dernière étape avant de faire officiellement parti du club. Et je savais, qu'après cela, je serai tranquille. Il ne resterait plus que le repas, habillé de ces beaux vêtements taillés sur mesure. Je souriais. Au bord de ma belle voiture - toute neuve la voiture - je conduisais sans me soucier des flashs ou des limitations de vitesse. Après tout, j'étais riche maintenant, pourquoi se priver? Il faisait nuit, le soleil allait se lever dans deux heures. Et j'arriverai aux alentours de dix heures. Alors j'accélérai quelque peu. J'avais la journée, et seulement la journée. C'était les conditions. Alors j'avais fais mon sac, et j'avais quitté le domicile, sans prévenir mon père, ou même ma sœur Ren. Celle là, je me foutais bien de ce qu'elle pouvait penser. Alors je roulais, et quelques heures plus tard, je me garai devant un panneau en bois sur lequel était écrit "Eldorado". Sympa comme nom, ça promettait d'être jouissif. Dans tous les sens du terme. Je passais une main dans mes cheveux blonds, et avec un sourire, je m'avançais. Il y avait beaucoup d'enfants. Très sages. Certains lavaient du linge, d'autres parlaient. Mais aucun ne souriait. Ils me regardaient passer et couraient dans leurs maisons respectives. Mais un resta là. Un petit brun typé, les cheveux longs, les yeux sombres. Il me regardait et je m'avançais alors vers lui. Il était beau. Très beau. Il devait avoir douze ans. Pas plus. Je le regardais et demandais d'une voix peu assurée : « Tu peux me dire où est Monsieur Brown? ». Il lève les yeux vers moi, des yeux apeurés et répond : « N'allez pas voir mon père... S'il vous plaît... » Je fronce les sourcils. Je comprends alors. Monsieur Brown ne fait pas qu'eux collectionner les femmes, il les épouse et les met en cloque. Et ce petit, ce petit est si grand. Il n'est ni le premier, ni le dernier. Je pose ma main sur sa tête et l'entraîne avec moi. Je veux lui parler. Lorsque nous arrivons derrière une petite grange, je m'accroupis et je lui demande : « Est-ce que ça va? » Je caresse ses cheveux et sa joue. Il a l'air d'avoir si peur. Je n'aime pas ça. Je veux son bien. Il secoue la tête. Non, il ne va pas bien. Je recule, surpris par cette réponse. « Quel est ton prénom? » Il prend son visage entre ses mains et marmonne quelque chose que je ne parviens pas à entendre. « Camille. » Je souris et regarde autour de moi. Il a l'air si inquiet, et je ne comprends pas pourquoi. Je lui tends la main avec un sourire et je réponds : « Moi c'est Pâris. Alors dis-moi mon grand, tu as combien de frères et sœurs? » Camille posa un doit sur sa bouche et leva les yeux vers le ciel, comme pour réfléchir. Puis, il tendit les mains et ouvrit ses mains. Seulement un doigt fut rabattu et je regardais le gosse avec étonnement. Neuf frères et sœurs? Monsieur Brown avait donc fait au moins dix enfants. Je regardais l'enfant, sans savoir quoi répondre, puis mes yeux se posèrent sur le dos de sa main. Une cicatrice. J'attrapais sa main sans réfléchir et relevais sa manche. Son bras était couverts de bleus. Il poussa un cri, mais je n'eus pas le temps de lui dire quoique ce soit qu'il s'enfuyait. Un homme était apparu derrière nous. « Foutez le camp de chez moi. » Monsieur Brown. Je cherchais des yeux l'enfant qui continuait de courir. Rapidement, il fut intercepté par une femme qui semblait être sa mère. Ou pas. Et Monsieur Brown finit par le rejoindre. Il attrapa son bras et le tira fort vers la maison tandis que le gamin hurlait. « Noon! Pâris ne pars pas!!! Non, père, lâchez moi! » Et ses bruits finirent par s'étouffer lorsqu'il entra dans la maison. Je ne restai pas là longtemps et je courais jusqu'au panneau mensonger. Je montais dans ma voiture et démarrais, sans me retourner. Sur la route du retour, je pensais à Camille. Je pensais à son regard sombre, ses cheveux noirs. Je voulais revoir ce gamin, je voulais le revoir et le protéger. Mais mon souhait semblait si insensé. Qu'était-il arrivé à cet enfant après mon départ? Son père l'avait-il maltraité? C'était une évidence, mais je ne voulais pas y penser. Je ne voulais pas. Je rentrai rapidement, et jetais mon sac en arrivant au quartier général du Riot Club. Je leur expliquai tout, de A à Z. Ils me crurent sur parole. Pendant quelques instants, on se rebella contre le monde entier, et puis on sortir une bouteille de Whisky, on vida nos verres, et on se bourra la gueule. Le lendemain, plus personne n'y pensait. Plus personne, sauf moi. Mais je n'étais pas pour autant prêt à y retourner. Sauf pour lui, sauf pour Camille. Mais ce jour n'arriva jamais, et n'arrivera jamais.

18 ans : Débauche.

« Pâris, tu viens avec nouus? » Je relève la tête vers les deux bombes qui se trémoussent devant moi. Je rigole, abruti par l'alcool et par les drogues que nous avons prit. Ce soir, c'est le baptême. Arsène et moi avons réussit les tests haut la main, et nous voici officiellement membre du Riot club. Je me lève difficilement, en souriant toujours et passe une main lourde sur mon frère trempé. J'ai chaud. J'ouvre ma chemise d'un geste brusque et j'éclate de rire lorsque je me rends compte que je viens de ruiner un costume très cher. Nous avons tous le même costume. Je tourne la tête vers Arsène. Il est au sol et raconte des absurdités. Je rigole à nouveau. Il est complètement mort. Tout comme les dix membres du Riot. Les deux filles m'attrapent le bras et m'emmènent dans une pièce du restaurant. Je ne sais pas ce que c'est, mais je m'en fous. Je me laisse aller. J'ai l'impression de ne plus avoir de jambes. Elle se dérobent sous moi, et pire encore, je n'ai plus aucun contrôle sur mon corps. Il se barre en couille. Le monde se barre en couille. Je rigole à nouveau. C'est drôle. La tête me tourne, et la lumière m'agresse les yeux. Les deux filles referment la porte. Je me rends alors compte que ce sont des jumelles. « Trop génial! » Je dis en les regardant tour à tour. Tweedle dee et Tweedle dum s'agenouillent et me déshabillent. Je me laisse faire et pendant les minutes qui suivent, je prends mon pied avec ces deux charmantes jumelles, qui s'offrent à moi comme si j'étais un dieu. Je passerai les détails pour les âmes sensibles. Mais mon esprit capte seulement quelques détails. Leurs seins, leurs fesses, et le plaisir ressentir au moment fatidique. Je ressors de là, satisfait et encore plus abruti qu'avant. Les mecs hurlent et me félicitent. Peter me secoue et me tape dans le dos. Je rigole à nouveau, comme un idiot. Et soudain, je sens que quelque chose ne va pas. Je me relève, et je vomis alors tout ce que j'ai ingurgité avant.
Le Riot Club, c'est ça.

20 ans : Glastonbury

On était quatre. On était quatre sur les routes Londoniennes, les cheveux au vent, le sac à dos sur les genoux, et un grand sourire aux lèvres. Ren s'était jointe à nous, bien décidée à s'amuser elle aussi. Légèrement vêtue, je prenais soin de ne pas poser mes yeux sur elle, sur son corps de femme respirant l'envie, l'envie de se faire baiser par le premier venu. Un mini-short, un top laissant entrevoir son nombril. Elle était vulgaire. Je pris une longue respiration et montais le son de la musique. Je fis l'autruche, tout le voyage, ignorant les avances de ma sœur à l'égard de mes deux amis : Peter et Arsène. Je n'en pouvais plus d'elle, du regard qu'elle portait sur moi, et encore moins de sa voix mielleuse. Je la détestais. De tout mon être. Peter gara sa belle voiture dans un parking sécurisé. On prit nos deux tentes et quelques heures plus tard, elles furent installées au camping. Deux tentes parmi tant d'autres. Et la journée commença. Passant de scènes en scènes, les bouteilles et les joints tournaient de mains en mains. Rapidement, Arsène et moi prirent un instant pour prendre du plaisir éloigné de la société, et lorsque nous revinrent, ma sœur embrassait à pleine bouche mon meilleur ami Peter. La soirée tourna au cauchemar, et les trois jours qui suivirent de même. Le dernier soir, je me rendis alors compte que j'étais seul, perdu dans une foule entre pogos et jeunes défoncés et bourrés. Je me décidais alors à remonter jusqu'au camping, et j'y trouvais alors ma sœur, perdue, nue, entre trois hommes. Un inconnu, mon Peter, et mon Arsène. J'en vomis mes tripes. Et passais la soirée dans les bras de femme dont je ne sus jamais le nom. Et ce soir là, je repensais à Camille, à ce gamin qui devait avoir bien grandi, qui devait s'être embelli avec le temps. J'aurai voulu rester avec lui, et ne jamais revoir Ren.

20 ans : le Fitzgerald's Hotel.

Un silence de plomb dans la voiture, et la voix cristalline et agaçante de ma sœur à l'arrière. Je n'ai pas décroché un mot à mes deux amis depuis la vieille. A vrai dire, je les hais. Eux aussi. A croire que je suis destiné à haïr le monde entier. Il ne reste qu'une heure avant d'arriver à Londres, et pourtant, j'entends ma sœur prendre la parole à l'arrière. « Faut que je pisse. » Peter ralentit et je pose la main sur le volant. Il a compris, il accélère. Je tourne la tête vers le vide et réponds : « Pisses dans les champs comme la chienne que tu es. » Je sens un coup dans mon dos. Et je me retourne. Je me retourne et je vois sa main sur la cuisse d'Arsène. Et je vois le visage gêné de mon ami. Il ne sait plus quoi dire, il ne sait plus quoi faire. Je me rassois et ferme les yeux. Faites que cette immonde femme disparaisse. Elle se lève alors et murmure quelque chose à l'oreille de Peter que je ne peux pas entendre. Il sourit, soupire et tourne brusquement à droite. Je le regarde, surpris et il annonce : « Très bien, on va s'arrêter deux minutes pour que Ren puisse pisser dans cet hôtel. » Je lève alors la tête et aperçois alors la grande bâtisse luxueuse qui se trouve devant nous. Peter entre dans l'hôtel, se gare.
Et nous sommes perdus, car plus jamais nous ne repartirons.