I would be with you forever + Athénaïs

Mon cœur bat à la chamade. Je m'apprête à faire quelque chose que je croyais impossible. Je m'apprête à quitter cet hôtel pour la journée. Athénaïs se tient à côté de moi. Elle n'a plus de cheveux, elle a le visage fatigué. Elle a retrouvé le physique qu'elle avait au moment de sa mort. la dernière image que j'avais d'elle avant de savoir qu'elle était là, que les fantômes existaient. Je tendais ma main et on monta en voiture. Je restai silencieux tout le long du voyage. Je ne voulais pas qu'elle sache où je l'emmenais, je ne voulais pas qu'elle devine mes intentions. Quelques minutes plus tard, je me garais dans Central London. Et je me mis à marcher vers la Tamise. Je la sentais observatrice, dispersée. Elle n'était probablement jamais venu ici. Tout comme moi. J'avais peur. Peur que notre journée ne lui plaise pas. Mais je continuais d'avancer, les jambes tremblantes. Au loin, on voyait la haute tour de Big ben. On dépassa le London dungeon, ce musée de l'horreur qui allait attirer beaucoup de monde en cette journée d'Halloween. Puis, on atteignit le London Eye. Je me tournais vers elle et lui dis en caressant sa main avec douceur. « On a malheureusement pas le temps de visiter tout Londres aujourd'hui. Mais... Je me suis dit que ce tour de grande roue était déjà un bon début... » J'étais gêné. J'aurai voulu lui faire découvrir plus. Mais nous n'avions pas le temps. Etrange pensée lorsqu'on est un fantôme...

Avec enthousiasme, elle se jeta dans mes bras. Je la serrais délicatement et déposais un baiser sur son front avec douceur. « De-rien. » Je soupirais. Les bégaiements étaient revenus. Mais ce n'était pas une surprise. La savoir heureuse me touchait au plus profond de mon être, et cela avait donc des répercussions sur ma façon de parler. J'attrapais sa main et l'attirais vers l'entrée du London Eye. En silence, on s'installa dans l'une des sphères. Il n'y avait personne avec nous, et j'en étais heureux. Je ne voulais pas que quelqu'un d'autre s'immisce dans notre moment. C'était notre journée. La première fois que nous étions ensembles, en dehors d'un hôpital, ou d'un hôtel. Je la pris dans mes bras et déposais ma tête sur la sienne, avec douceur. Elle était morte, et pourtant, elle semblait si réelle. « J'ai atten-duuu ce-e mo-ment des annééées. » Murmurais-je alors. Depuis la première fois que les yeux s'étaient posés sur elle, j'avais espéré, qu'un jour, on puisse vivre un tel instant. Elle avait été mon moyen de survie après mon réveil, mais aussi mon remède. Son amitié, sa présence, sa douceur m'avait donné la force de me battre. L'inspiration pour jouer, et chanter. Elle m'avait sauvé. Et moi, je n'avais rien fait pour elle. Elle était morte sous mes yeux, et je n'avais rien pu faire pour l'aider. Mais il y avait encore ce 31 Octobre, cette possibilité de lui faire voir ce qu'elle n'avait jamais vu.
«Athé... Emily... Je... J'ai cru que je ne survivrai pas à ta mort. Je te revoyais t'écrouler, et je ne pouvais rien faire. Je m'en voulais. J'ai é-té si inutile. J'es-pè-re pou-voir me rattraper au fil du te-emps. Je ne t'a-ban-donnerais plus jamais... » Je m'éloignais d'elle, soudainement gêné par ce contact. Elle était certes ma meilleure amie, mais je l'aimais comme je n'avais jamais aimé. Même si elle ne m'aimait pas de la même manière que moi, j'étais prêt à la suivre où qu'elle aille, et à faire tout ce qu'elle me demanderait. La roue se mit en marche. Je tournais la tête vers la Tamise et observais le paysage se rétrécir, lentement, imperceptiblement. C'était beau. Je ne pensais plus pouvoir assister à ce genre de choses un jour.