J’étais allongé sur le toit de l’hôtel à déplorer ma pauvre citation totalement pathétique. Alors que j’avais enfin flairé un gros poisson et que j’étais quasiment certain de le ramener dans ma chambre pour faire plus ample connaisse. Ou disons plutôt pour jouer à des jeux plus sportifs. J’avais eu le malheur de croiser Lazar. Qui comme à son habitude, dans toute son ignorance parfaite et son innocence. À croire qu’il le faisait exprès parfois, me demanda bien gentiment si je n’étais pas avec Ashley la vieille.
Résultat des courses des plus pathétique, la miss ne mit pas bien longtemps à réagir avant de me mettre une gifle et s’en aller. Comme si nous avions prévu autre chose que de s’envoyer en l’air. C’est à se demander ce qu’elle s’imaginait. Enfin, tout ceci pour dire que pour le moment j’étais cramé et que ce n’était probablement même pas la peine de retourner à la chasse de chair fraiche pour ce soir. S’en était déprimant.
Je soupirais et attrapais la bouteille à côté de moi pour en boire une bonne rasade. J’adorais ma situation, en plus d’être mort, j’étais encore capable de vivre normalement. Sans prendre en compte tous les risques qu’entrainerait une surdose. Que demander de mieux pour le peuple.
- Un plan cul peut-être, soupirais-je.
Mais non, ce soir j’allais devoir me contenter de ma main, ou peut-être aller retrouver un de mes anciens plans cul. Moi qui n’aimais pas retourner plusieurs fois au même endroit, j’en étais réduit à ça. J’étais réellement et sans aucun doute possible, le mec le plus pathétique de la soirée. J’attrapais le joint qui trainait encore dans ma poche et l’allumais. Si je ne voulais pas faire un retour, j’allais devoir trouver autre chose. Car la situation ne risquait pas de changer en restant allongée au sol à pleurer sur mon sort.
Cette nouvelle demeure me donnait l'impression que tout était éphémère. J'avais pris conscience de ce fait déjà très jeune, et j'avais rapidement compris que pour vivre pleinement, il était nécessaire de vivre au jour le jour, sans se poser de questions. Or, je voyais, qu'ici, cette règle semblait s'appliquer en puissance. Le bonheur disparaissait quelques minutes après l'arrivée d'un nouveau client à l'hôtel. Les rires ne duraient qu'un temps. La peur, elle, restait toujours là. S'en allait, puis revenait nous accaparer. De la tête aux pieds. Je regardais ma montre. Le temps passait à une vitesse hallucinante, et pourtant, quel paradoxe lorsqu'on sait que notre tombe nous attend quelque part dans ce domaine. Chaque minute me rapprochait un peu plus de la mort, mais j'avais cette drôle d'impression qu'il me faudrait, avant tout, passer de nombreuses années ici, à supporter l'horreur et la tristesse de ces lieux, avant de pouvoir reposer en paix parmi les hommes des ténèbres. J'avais beau avoir toujours soif en la vie, je voulais mourir. Je voulais abréger ces souffrances qui ne me quitteraient jamais. Je me levais brusquement de mon lit. Je n'en pouvais plus de tourner en rond, de réfléchir au futur, aux épreuves que j'allais devoir traverser avant de trouver la paix. Si j'étais incapable de vivre ma vie sans me fermer à tous ces questionnements, il valait mieux que je tente d'en finir avec la vie dès aujourd'hui. Mais je n'en avais pas la force après avoir perdu mon père, survécu à un accident cardio vasculaire et après avoir vu la femme que j'aimais mourir sous mes yeux, seule, après s'être longuement et courageusement battue. J'attrapais ma veste, mes cigarettes et sortais de ma chambre. Je restais quelques secondes, la main sur la poignée, à me demander où je pourrai bien me rendre. Et puis je me rendis alors compte que j'avais besoin de voir autre chose. La réponse était évidente. Le toit était le seul endroit qui permettait un regard sur le monde extérieur. Sur le monde inaccessible. Je me dirigeais donc vers la cage d'escalier et enjambais les marches deux par deux. Arrivé tout en haut, j'apercevais alors Mael, accompagné d'une jolie demoiselle. Je m'approchais de lui, le saluais, et restais hésitant devant la jeune femme. « Ashley, c'est ça? » Face au regard alarmé de la jeune femme, j'ajoutais précipitamment : « C'était bien toi, hier soir, avec Mael? » Ma vision n'était pas des meilleurs en pleine nuit, mais j'étais convaincue qu'il s'agissait ici de la même personne. Ou bien, Mael n'aimait pas se diversifier dans ses conquêtes. La jeune femme, vexée, quitta Mael sans un regard. Je restai donc planté là, à regarder Mael parler seul. « Désolé... » Réussis-je tout de même à dire après un long silence. Je me sentais terriblement con.
crackle bones
Dernière édition par Lazar E.-L. Swarovski le Mar 26 Mai - 19:27, édité 1 fois
Je levais les yeux vers Lazar avec un sourire en coin. Ça se passait comme d’habitude, comme je finirais probablement par trouver quelqu’un d’autre. Enfin j’allais lui trouver le beau surnom de gaffeurs de première. Enfin, j’aurais très bien pu l’emmener dans ma chambre directement aussi si je ne voulais pas qu’elle parte ou ne croiser personne. Peut-être l’avais-je poussé tout seul à me fuir. Qu’est-ce que la vie pouvait être chienne quand elle le voulait. Ou peut-être était-ce moi encore coincé dans l’une de ses déprimes sans fin.
- Ce n’est pas grave…. C’est peut-être moi qui l’est poussé à me fuir en l’emmenant ici…
Je tirais une nouvelle fois sur mon joint. Ne bougeant pas d’un millimètre préférant rester allongé finalement. Ou peut-être devrais-je me lever et me jeter de l’immeuble. Nouvel arrêt sur image. Encore une chose qui serait parfaitement inutile. J’étais déjà mort et je ne pourrais décidément pas mettre fin à ce problème.
Nouveau soupire.
- Vas y prend place…. Partageons ce magnifique ciel comme vue…
Totalement ironique alors que je sentais déjà les premières prémices de l’alcool arrivé. Décidément, cette soirée devenait de plus en plus déprimante, il ne manquait plus que mon passé me rattrape et j’aurais gagné la total. Je souriais amusé, cette possibilité était fortement peu probable. Il n’aurait probablement même pas l'idée de venir me chercher ici dans ce trou à rat alors que j’aurais pu me payer bien mieux. Pourtant, j’y étais coincé pour l’éternité malheureusement. Quoi que je fasse j’y serais coincé.
- Qu’est-ce qui t’amène ici ? Ne me dis pas que tu viens aussi déprimé ?
Je tapotais doucement la place à côté de moi en lui faisant signe de s’installer. Une personne de plus ou une de moins, cela ne changerait pas grand-chose. Si j’avais peut-être quelqu’un à qui parler faute de l’action que je m’étais prévu pour la soirée. Finalement, je n’étais probablement pas si mal tombé. Il m’avait peut-être évité une nouvelle déception, ou un truc du genre. Je devrais peut-être penser à le remercier au final. J’effaçais bien vite l’idée avec une nouvelle gorgée d’alcool bien fort. Plus tard… Plus tard..
Sujet: Re: Mauvaise soirée [Pv : Lazar E.-L. Swarovski ] Mer 6 Mai - 18:36
(+) Mauvaise soirée
Lazar E.-L Swarovski & Mael Delèze
Me promener dans l'hôtel était devenu une habituelle. Peut-être même un rituel. J'aimais l'explorer, en connaître les moindres recoins. J'étais conscient que du temps, j'en avais. Mais je n'étais pas du genre à abréger mes souffrances, alors je savais, que d'ici que je pousse mon dernier souffle, j'allais devoir m'occuper ; et si quelque chose dans cet hôtel pouvait m'inspirer, j'étais preneur. J'avais le faible espoir qu'un jour quelqu'un puisse sortir de cet hôtel et faire découvrir aux monde entier les musiques de ce pauvre Lazar Swarovski qui avait passé sa vie ici avant de mourir. Un succès posthume me convenait du moment qu'un jour, des gens puissent accéder à ma souffrance, et découvrir ma vie, mes pertes, mes regrets. Je n'avais jamais voulu la gloire, je voulais tout simplement être compris sans avoir à parler. Et je voulais que mes neveux et nièces ou autres descendant soit au courant du monde noir dans lequel nous vivons, et qu'ils connaissent les horreurs qu'avait traversé leurs ancêtres. Oui, je voulais transmettre le présent. Je voulais qu'ils connaissent Emily, Aloysius, et Mary Fitzgerald. Je voulais qu'ils sachent ce que pouvait faire une seule personne à des centaines d'autres. Alors j'étais sorti. Pour me changer les idées et cesser de penser à Emily et à la famille que j'avais perdu, mais aussi pour trouver de l'inspiration dans cet endroit si sombre. Je m'étais donc rendu sur le toit, afin de trouver un peu de bonté, afin de pouvoir observer ces lumières lointaines qui me rappelaient que je resterai ici jusqu'à ma mort. Et comme si je n'avais pas le droit à cette solitude tant voulue, j'y rencontrais Mael, accompagné d'une jolie demoiselle dont les quelques mots que j'avais prononcé l'avait fait fuir. J'hésitais à rester, à m'imposer à lui alors que son programme de la soirée semblait, être à l'origine, bien plus « excitant ». Mais son invitation à venir m’asseoir auprès de lui ne traduisait pas sa rancœur. Alors je m'asseyais à ses côtés, mal à l'aise, et regardais la vue qui s'étendait sous nos yeux. J'aimais cet endroit. Je n'osais parler, je ne savais quoi dire pour détendre l'atmosphère – ou pour me détendre. Un simple question, quelques mots, mais qui fit naître en moi un flot de réflexion, entremêlé et obscures. Non, je ne savais pas pourquoi j'étais là. Je prétendais vouloir trouver l'inspiration, mais je savais, j'étais conscient que dans cette triste, dans ce malheur, l'inspiration ne me quittait jamais. C'était triste, mais c'était ainsi. La tristesse s'insinuait en moi et me permettait de mettre en musique mes plus sombres pensées, mes craintes, mes incompréhension. En réalité, j'étais là parce que je voulais retrouver l'espoir et voir quelque chose de beau dans tant d'horreur. Je souriais tristement, et me décidais enfin à répondre : « J'espérai trouver un peu de... de joie. C'est stupide. » Je soupirais, passais une main dans mes longs cheveux bruns et tournais la tête vers Mael. Un joint dans les mains, un verre d'alcool. Il profitait étrangement de la vie. « Et toi, pourquoi ici ? Enfin je veux dire que dans ta chambre ça aurait été plus simple pour... Tu sais quoi... » Je rougis. Je n'avais jamais embrassé de fille, toucher de fille, vu de corps nu. J'étais le genre de gars en retard, timide et mal à l'aise face à l'évocation de la chair et des plaisirs sexuels. Mais cette gêne venait du fait que je ne connaissais pas ces instants, ces sensations. En réalité, je n'avais aucun désir, aucun désir avide de posséder quelqu'un. Tout ce que je voulais, c'était m'en sortir. Sortir de cet hôtel et pouvoir parcourir le monde à la recherche de l'inconnu, de l'impossible, de l’inimaginable. Je voulais profiter de ma vie, seul, qu'importe ce que j'aurai manqué. L'amour, la vie de famille. J'avais fait des erreurs et je ne méritais pas d'être aimé à nouveau. Je le savais, et ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Je soupirais à nouveau. Ma vie était triste, mais je l'étais aussi. D'un ennui mortel.
crackle bones
Dernière édition par Lazar E.-L. Swarovski le Mar 26 Mai - 19:28, édité 1 fois
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Sujet: Re: Mauvaise soirée [Pv : Lazar E.-L. Swarovski ] Jeu 14 Mai - 18:33
Mauvaise soirée
feat Lazar E.-L. Swarovski
Je regardais celui qui me servait d’ami. Ou du moins celui qui était censé l’être. C’était un bien grand mot pour le moment, nous étions réellement de deux mondes bien différents. Totalement opposé, il était dû genre dépressif et j’en étais son contraire.
- J’espérais trouver un peu de…. De joie. C’est stupide.
Alors qu’il soupirait que je me redressais pour boire une nouvelle gorgée de la bouteille. Il me fixait alors que j’en faisais tout autant. Un jour, enfin j’espère, je pourrais le voir sourire. Même si cela me paraissait bien difficile en réalité.
- Et toi, pourquoi ici ? Enfin je veux dire que dans ta chambre ça aurait été plus simple pour... Tu sais quoi...
Je finis mon joint avant de le laisser tomber plus loin après l’avoir fini. Je me demandais sérieusement ce que je devais faire pour voir ne serait-ce que l’ombre d’un sourire sur ses lèvres. Vu sa réponse, je commençais même à me demander s’il avait déjà vécu quelque chose avec une femme. Il y avait quand même de quoi largement douter à ce niveau s’il n’osait même pas dire baiser.
- Ouais…. Pour baiser, ou m’envoyer en l’air, où je pourrais probablement donner toute une liste de synonyme.
Je bus une nouvelle gorgée de ma bouteille avec amusement en guettant ses réactions. J’avais presque envie de m’amuser avec lui et le dévergondé un peu.
- Et généralement, je préfère éviter d’emmener quelque chez-moi. On ne sait jamais sur qui on tombe. Imagine, je tombe sur une obsédée de ma personne….
Je tournais le regard vers le paysage face à moi. Le pire c’est que c’était déjà arrivé en fait. Une fois au lycée et je ne comptais pas recommencer. Très peu pour moi de revivre cette horreur. Vous ne vous imaginez pas ce que ça fait de voir votre armoire retourner quand vous y retournez. De vous sentir toujours suivit. Un truc dont je me passerais volontiers.
- J’ai déjà testé… Et je préférais de loin ne pas retomber dedans.
Sujet: Re: Mauvaise soirée [Pv : Lazar E.-L. Swarovski ] Mar 26 Mai - 19:30
(+) Mauvaise soirée
Lazar E.-L Swarovski & Mael Delèze
Je n'étais pas à l'aise avec les personnes comme Mael. Avec les personnes qui profitaient de la vie sans penser au lendemain. Il était là, au dessus du vide, à boire et fumer comme s'il était immortel. Il suffisait d'un faux mouvement et il n'était plus là. Et son corps écrabouillé contre le sol attirerait du monde, provoquerait des cris. Etrangement, personne n'était mort depuis mon arrivée. Du moins, pas à ma connaissance. Après l'apparition du Lapin de Pâques, je m'étais attendu à voir des familles pleurer le massacre de leur proche. A qui appartenait ce doigt ? A qui appartenait cette testicule desséchée ? Les cadeaux du Lapin de Pâques étaient une menace. Une vulgaire image de ce que ressemblerait notre vie si nous tentions de nous évader. Je repensais alors à Zelda, cette adolescente paumée qui avait eut le court espoir de s'échapper. Elle avait disparut. S'était-elle enfuit par je ne sais quel moyen ? Non. J'étais convaincu qu'elle était morte, et enterrée. Quelque part dans l'immensité de cet hôtel. Je ne ressentais aucune peine face à cette révélation, car je savais que nous allions tous mourir un jour, et je n'avais désormais plus aucune attache en ce monde. Emily était morte, ma mère et mes frères et sœurs, loin de moi. Toutes les personnes que j'aimais étaient trop loin de moi pour que je continue à espérer quelque chose de la vie. Les paroles de Mael me ramenèrent à la réalité. Je sursautais. C'était si... vulgaire, de parler ainsi de l'acte de l'amour. Je baissais les yeux vers mes mains et me les frottais, mal à l'aise. « Tu... Tu ne fai-ais ja-a-amais ça paaar amouurr ? » Je soupirais. Je n'étais à nouveau plus capable de faire une phrase sans qu'elle sorte telle que je l'avais formé dans ma tête. Je levais des yeux honteux vers Mael et tendais la main vers sa bouteille. Surpris, il me la laissa et je buvais une longue gorgée avant de la lui rendre, un goût désagréable dans la bouche. « C'est dégueu-lasse. Mais ça fait du bi-en ». Le malaise s'était quelque peu dissipé. Mais pas entièrement. Car le visage d'Emily me revint alors en tête. Je ne l'avais jamais caressé comme un caresse une personne qu'on aime. Je ne l'avais jamais embrassé. Je ne l'avais jamais vu avec des cheveux... J'étais tombé amoureux d'elle, qu'importait son visage blafard et ses veines trop prononcées. Qu'importaient ses lèvres aussi blanchâtres que sa peau. Peu importe son crâne rasé et la robe d'hôpital qu'elle portait au quotidien. Je ne l'avais jamais autant aimé que quand je la voyais au naturel. Faible, chétive et pourtant si douce, si généreuse, avec cette joie de vivre qui lui permettait de vivre encore. « Je ne pourrai jamais faire l'amour avec quelqu'un que je n'aime. Avec quelqu'un d'autre que... » Je laissais ma phrase en suspend, à attendre qu'elle tombe et s'écrase dans le vide. Mais son prénom resta dans ma gorge. Je ne voulais pas le prononcer. Car c'était comme accepter sa mort. Je tournais la tête vers Mael et sortais mon paquet de cigarette de ma poche. J'en apportais une à ma bouche et l'allumais. Je souriais alors lorsque j'entendis Mael me répondre. « C'est toi qui attire les mauvaises personnes. » Lui dis-je alors en lui souriant. Je tentais de faire un peu d'humour. Mais je n'étais pas d'humeur à rire. Le vide me faisait de l'oeil. Pourquoi donc ne pas en finir et me jeter dans le vide ? Tout simplement parce que j'espérai, quelque part, sortir d'ici, un jour. Je ne voulais pas m'ôter cette chance.