{ M A E } these violent delights have violent ends ✞

Mae Leen

21 ans † orgueil † vivant † ft. Alycia Debnam-Carey

« Je dois me présenter, c’est ça ? Oh… D’accord. Alors, moi je m’appelle Mae Leen, et j’ai vingt-et-un ans. Et alors, s’il vous plait, évitez de m’appeler Maelynn. Mae, c’est mon prénom. Et Leen, mon nom de famille. Je sais, c’est marrant, je sais. Mais voilà, je m’appelle comme ça. Et j’ai eu assez, à l’école, des gens qui s’amusaient à m’appeler par mon prénom, et mon nom de famille. Enfin franchement, je vous promets que c’est super bizarre de se faire appeler par son prénom et son nom de famille à la suite, comme si c’était un prénom. Donc moi, c’est Mae. Leen, c’est le nom de famille de ma mère. Elle m’a expliqué que quand je suis née, mon père ne m’a déclaré qu’après une semaine, et que je porte donc son nom à elle. C’est plutôt cool je trouve. En parlant de ça, je suis née le cinq juin mille neuf cent quatre-vingt-quatorze à Egham. Si vous connaissez pas, c’est une banlieue de Londres. J’ai toujours vécu là-bas, et pareil pour mes parents. J’étais heureuse, malgré leur divorce. La mère et la fille, dans une maison modeste, correspondant à nos moyens. Egham, c’est là où il y a une des plus grandes universités de Londres si ça vous dit toujours rien. Je suis une britannique pure souche, enfin, c’est ce que je pensais. Il parait que mon vrai père a des origines ukrainienne. Ils me manquent. Mes parents. Pas mon père biologique hein, l’autre. Ils sont pas à l’hôtel avec moi. Je suis arrivée ici, sans savoir que j’allais rester bloquer. Et puis, j’ai bloqué Kit Kat avec moi, et ça, je me le pardonnerais pas. Mais d’un autre côté, heureusement qu’elle est là, j’aurais pas pu tenir sans elle ici. En fait, pour faire court, vu que je suis quasiment sure de revenir sur cet évènement après… Je me suis disputée avec ma mère. Mais genre, la grosse dispute quoi. Et je suis partie faire un tour. Kat m’a rejoint en courant, me disant de pas m’énerver comme ça, et j’ai eu besoin de m’assoir. Et je me suis assise, sur un banc, à l’intérieur de la périphérie de l’hôtel. Et Kat m’a rejoint, s’est assise. Et on est resté bloqué. Heureusement, j’me dis qu’on a rencontré d’autres personnes ici, sinon, notre vie aurait été franchement lourde à porter. J’ai retrouvé Amara, ma…demi-sœur ? Et je sais que normalement, on devrait pas s’entendre, parce que tout est un peu de sa faute au final, mais…en fait, c’est un peu comme mon seul repère ici. Et c’est un peu ma famille aussi finalement. Et puis, j’ai rencontré Lloyd et toute sa clique d’amis. Ils sont plus âgés que moi, mais je les aime beaucoup. Ils envoient du lourd, v’voyez ? Ils ont la classe. Et puis, y’a b aussi. Il est super sympa avec moi, j’ai l’impression qu’il m’apprécie vraiment, c’est cool. Bon et puis, c’est vrai qu’être enfermé ici pour l’éternité, c’est pas alléchant, et c’est même carrément flippant, mais au moins, je suis encore vivante. Et franchement, j’aimerais que ça continue. Au moins encore un peu. Au moins parce que plus tard, je veux des enfants. Et si je suis morte, je pourrais pas en avoir. Alors si la mort pouvait prendre quelqu’un d’autre en attendant, j’apprécierais. Enfin…voilà. C’est moi. C’était assez détaillé ? Tant mieux, parce que je savais pas quoi rajouter d’autre. »

Caractère

✞ Tu aimes chanter, jouer de la musique, écrire, faire du théâtre. Tu es une artiste. Ta mère t’as élevé pour que tu apprennes à aimer l’art, et ça a marcher, c’est le moins que l’on puisse dire. Tu fais du théâtre depuis que tu as quatre ans, de la musique depuis que tu en as neuf. Tu chantes depuis aussi loin que tu te souviennes, et tu écris depuis quelques années.

✞ Tu n’as jamais compris pourquoi, tu n’as d’ailleurs jamais essayé plus que de mesure, mais les gens ont tendances à te trouver attachante. Peut-être à cause de ce côté éternelle enfant, ou peut-être parce qu’ils pensent que tu as toujours besoin d’être protégée. Peut-être parce que tu les fait les sentir irremplaçable. T’as jamais compris. Mais dire que tu n’en uses pas serait se mentir.

✞ Tu adores les enfants. Et les gens qui sont en n'importe quels points plus ou moins inférieurs à toi, pour qui tu peux être importante, d’une manière ou d’une autre. Tu es attentionnée avec eux. Tu n’hésites pas à aider les gens en difficultés, à lire des histoires ou à jouer avec des enfants. Tu adores ça, et tu n’as pas l’impression de perdre ton temps. Et lorsqu’ils te remercient, que tu montes dans leur estime, alors c’est les meilleurs moments de ta vie.

✞ Tu sais communiquer. Ça a l’air de rien comme ça, mais c’est pas donné à tout le monde d’être aussi communicatif. De savoir faire ressentir ce que l’on veut que les autres ressentent. De savoir parler de sorte à ce que l’autre personne comprenne exactement ce que l’on veut dire. De se faire comprendre que d’un geste, ou d’une façon de se comporter. Les gens te comprennent, facilement. Et c’est tant mieux.

✞ Tu es de ces gens curieux qui emmerdent les linguistes ou les philosophes. Tu te poses toujours des milliers de questions sur tout et sur rien. Pourquoi une armoire s’appelle une armoire et pas une chaise ? Est-ce que si tes parents t’avaient conçus quelques secondes plus tôt, tu serais quand même vivante, même sans vraiment être toi ? Est-ce que le destin est écrit ? Tu penses que non. Pour cette dernière question. Et puis, t’es pas contre garder un secret ou deux.

✞ Tu n’es pas persuadée que chez toi, ce soit considéré comme une qualité, mais tu es quelqu’un d’extrêmement émotive. Tu ressens les choses très rapidement, mais surtout, tes réactions sont toujours démesurées. Tu vas réagir très mal à une phrase anodine, ou trop bien à un compliment. Tu as le pleur, le cri et le rire facile. Ton émotivité fait partie de ces quelques qualificatifs que les gens, pour une raison que tu ne comprends pas, aiment chez toi.

✞ Tu as toujours plein d’idée en tête, toujours à essayer de créer de nouvelles choses. Tu t’inventes un monde qui n’est pas le tien, tu t’inventes de faux amis, et tu leur parles, comme si tu les connaissais. Tu t’inventes une vie, qui n’est pas la tienne, seule, dans ta chambre. Tu inventes de nombreuses choses, tu es très imaginative. Tu as toujours des tonnes d’idées, toujours plus. Ton cerveau est toujours en fonctionnement constant.

✞ Tu ne supportes pas l’injustice. C’est une base sur laquelle ta vie a longtemps évoluée. L’injustice à l’école par exemple. L’injustice des répartitions des biens chez les gens. Du manque d’argent ou du trop d’argent. T’es quelqu’un de juste. Par exemple, une tablée de trois, neuf gâteaux, pour toi, chacun doit avoir trois gâteaux, pas plus, pas moins, ce serait injuste après tout.

✞ Tu fais jamais les choses à moitié. Toujours à fond dans les choses. Lorsque tu es motivée par quelque chose, tu es souvent passionnée. Tu en arrives presque à occulter tout le reste. C’est problématique parfois. Il t’arrive d’oublier que le monde extérieur existe, lorsque tu fais quelque chose qui te passionne. L’autre problème de ça, c’est que pour la plupart des choses, tu t’en lasses vite.

✞ Tu es sensible. Un rien te chamboule. En vérité, tu es même hypersensible. C’est autant une qualité qu’un défaut chez toi. Liée à ton émotivité, tu vas pleurer devant la joie transmise par une pub nutella, mais tu vas aussi deviner quand une amie va mal, même sans qu’elle ne te le dise. Tu comprends rapidement les gens, et tu arrives à les cerner tout aussi vite.


✞ Tu ordonnes aux gens de faire des choses. C’est quelque chose sans lequel tu te sens inutile. Lorsque tu veux que quelqu’un fasse quelque chose, tu ne le lâches en général pas, et tu réussis à le faire plier. Tu es une fille autoritaire. Tu ne laisse jamais place à la négociation lorsque tu demandes à quelqu’un de faire quelque chose, que ce soit pour toi ou non. En général, quand tu le fais, tu pars sur l’idée que tu as une raison pour lui demander, une raison qu’il n’a pas à mettre en cause.

✞ Tu n’es pas la fille sur cette terre qui a le plus de tact…ou de délicatesse. S’il y a bien une chose que tu n’es pas, c’est délicate. Tu as tendance à dire les choses comme elles te viennent en tête, quitte à parfois être méchante. Et tes gestes sont brusques, tu ne fais que rarement attention à ce que tu fais. Tu es une fille bourrue, et c’est un de tes pires défauts, et une des choses qui te caractérise vraiment le plus. Jamais, tu ne prends de pincettes pour parler aux gens et leur dire ce que tu penses. Jamais. Et puis il t’arrive, parfois, de ne pas appliquer les règles de bonnes conduites en société. Mais les gens te connaissent comme ça.

✞ Le défaut qui te caractérise probablement le plus. Tu es une fille tellement capricieuse. Mais tellement. Tu détestes ne pas avoir ce que tu veux. Tu n’es pas de ces minettes paillettes non, toi c’est plus quand tu n’arrives pas à faire quelque chose, tu peux faire des crises de colères. Ou avec ta mère, quand elle te retire la musique pendant une semaine, tu fais une crise. Ou quand tu ne peux pas manger ce que tu veux, tu fais une crise. Tu as tendance à toujours vouloir ce que tu veux, et réussir ce que t’entreprends (sauf lorsque c’est toi qui n’est plus motivée), mais sinon, tu fais une crise.

✞ Tu es une fille qui supporte assez mal d’être oubliée. Tu ne veux pas être invisible, tu veux te sentir importante pour quelqu’un au moins. Et pour cette raison, tu reportes en général tout à toi. Ou tu essayes. En ça, on pourrait te qualifier d'égocentrique. Lors de conversations, tu as tendance à prendre des exemples de ta vie, pour te mettre en avant, pour dire que toi aussi, tu es intéressante en quelque sorte. Tu as tendance à toujours te poser des questions sur toi-même aussi, quitte à certaines fois oublier qu’un monde est là autour, et que tu n’en es pas le centre.

✞ Fainéante, pendant les trois ans précédant ton arrivé à l’hôtel, tu passais quasiment toutes tes années dans ta chambre, à écouter de la musique, à chanter, à danser et à écrire. Tu n’aimes pas te bouger, surtout si ce n’est pas pour faire quelque chose pour toi, ou qui te fera plaisir. Tu es partisante du moindre effort. Tu es d’ailleurs probablement la plus grande partisante du moindre effort. Pour toi, c’est « moins j’en fais, mieux c’est. »

✞ Tu as un sérieux problème de confiance en soi. En fait, tu n’as aucune confiance en toi. Tu ne te trouves pas particulièrement nulle, mais tu ne peux t’empêcher de vivre à travers ce que les autres pensent de toi. Tu n’arrives pas à te dire que ce que tu penses de toi est la réalité. Ce n’est pas quelque chose d’envisageable. Tu te trouves inférieur à beaucoup de tes amies, et de tes proches. Tu ne te trouves pas moche, mais tu trouves que tes cheveux n’ont aucune forme. Tu ne trouves pas ton visage ingrat, mais celui de Kat est plus harmonieux. Tu es comme ça depuis ton plus jeune âge, et c’est quelque chose que tu traines comme un boulet, partout où tu vas.

✞ Tu es une peureuse professionnelle. Tu as peur de quasiment tout. Déjà, tu as peur de la foule. Tu as peur de la nuit, du noir, de la solitude, des films d’horreur, même les moins bien réalisés, des insectes, tu as la phobie des guêpes, et tu as peur des araignées. Tu es incapable de dormir dans la même pièce qu’un papillon de nuit, parce que tu as peur qu’il vienne se poser sur ton visage en pleine nuit. Tu as peur aussi de la façon dont les gens peuvent te voir, tu as peur de l’oubli. Bref. Tu as peur de tout ce qui pourrait t’arriver dans ta vie. Et le plus étonnant ? Tu n’as jamais eu peur de la mort.

✞ La peur de tomber dans l’oubli est un problème récurrent chez toi. La peur d’être remplacée par mieux que toi. Probablement le fait que tout le monde ait toujours préféré Kat à toi. Mais le souci, c’est que ça t’a rendu extrêmement possessive avec le temps. Que ce soit en amitié, en amour, ou même au niveau familial, tu as du mal à supporter que les gens se détachent de toi où qu’ils trouvent quelqu’un d’autre, que tu considérerais de mieux que toi. Possessive en amitié, tu as toujours eu du mal par exemple, à apprécier les autres amies de Kat.

✞ Tu es une fille qui a du mal à oublier, mais aussi à pardonner. D’après beaucoup de tes amis, tu es la fille la plus rancunière qu’ils connaissent. Tu te venges rarement. Mais tu n’oublies jamais si quelqu’un t’a fait du mal. Ta cousine, t’a mordu à sang l’épaule, tu le lui rappelles à chaque fois que tu la vois. Vous aviez cinq ans. Des garçons se sont moqués de toi, tu les croises dans la rue, tu es froide avec eux. Vous aviez onze ans. Bref, tu es rancunière, et tu n’oublies jamais. Tu ne connais pas pardonne, mais n’oublie pas, pour toi c’est ne pardonne pas, n’oublie pas.

✞ Tu es extrêmement têtue. Tu ne lâches que très rarement quand tu as des idées. Tu as toujours l’impression que tu as tes raisons pour penser ça, ou pour demander ce que tu demandes. Et lorsque c’est lors d’un débat, alors c’est juste que tu as l’impression d’avoir raison. C’est très rare que tu lâches une de tes idées. Vraiment, vraiment, rare.

Raconte-nous ta life

Mon Histoire

peut-on savoir où s'arrête le normal, où commence l'anormal ?
vous pouvez définir ces notions, vous, normalité, anormalité ?

MAMAN. « Maman ? » Tu entre-ouvres la porte, et tu essayes de voir à l’intérieur de la chambre. Tu as quinze ans, mais pour toi, ça n’a pas d’importance. Sa chambre est noire, mais la poignée grince lorsque tu entres. Et tu sais que ta mère a le sommeil vraiment pas lourd, et le moindre bruit la réveille. « Maman ? » Un bruit qui n’existe ni dans la langue française, ni dans aucune autre langue de ce monde sort des oreillers. « Je peux dormir avec toi ? » « Oui. » Enfin…C’est surement ce qu’elle a dit. Ça t’arrange. Tu t’approches à l’aveuglette du lit et tu t’allonges à côté de ta mère. Depuis que tu es petite, tu as eu des périodes, où tu ne dormais pas avec ta mère, mais elles ont toujours été rares. Vous vous disputez souvent, mais jamais, jamais assez pour que ça dérange vraiment votre relation. Tu poses ta main contre le dos de ta mère, et tu essayes de ressentir le haussement et l’affaissement lié à sa respiration. La preuve qu’elle est vivante. Et tu t’endors calmement, calant ta respiration à celle de ta mère.

PAPA. « Tiens. Ton cadeau. » C’est ton anniversaire. Et tu le fêtes avec ton père et sa nouvelle copine. Ta mère ne s’est toujours pas remise de leur séparation, mais ton père a réussi à le faire, et tant mieux après tout. Tu lui souris en ouvrant le cadeau devant tes yeux. Et lorsque tu découvres un cahier d’exercice pour la confiance en soit, tu rigoles. « Merci pour le message Papa, vraiment, j’apprécie ! » Il te sourit, et te sort une explication foireuse de pourquoi ce livre est parfait pour toi. Explication à laquelle il croit en plus. Et c’est probablement ça le plus drôle. Tu lèves les yeux au ciel, et il t’apporte un autre cadeau. Tu l’ouvres et tu souris devant le manque de logique de ton père. « Papa, merci pour les boucles d’oreilles, mais…j’ai pas les oreilles percées. » Il t’observe et se révolte comme s’il était dans la rue en 68. « Tu rigoles ? Bien sûr que si regarde, t’as des trous dans les oreilles ! » T’as presque envie de rire, mais ce serait méchant. « Papa, j’ai essayé de me percée trois fois les oreilles, à chaque fois, ça s’est infecté. » Tu lui souris. De nouveau. « J’ai eu bon pour au moins un des cadeaux. » Il te sourit, moqueur. Son anniversaire est dans deux mois. Tu as remarqué un livre à la librairie, tu vas lui offrir : Comment être un bon père. Tout ça, c’est un jeu. Rien n’est vraiment pensé. Ton père est un bon père.

DEMI-FRÈRE. « LILIIIIIIIIII !!! » Tu vois ton frère sortir de la cuisine de chez ton père et tu te jettes tout de suite dans ses bras. « Hey toi. Doucement, tu me tires les cheveux là. » Tu rigoles et tu te recules. Les larmes aux yeux. Cette odeur si familière. Lu est une des personnes les plus importantes pour toi. Tu ne le vois que très rarement, il vit avec sa mère, tu vis avec la tienne. Votre père est le seul lien au niveau du sang qui vous relit. Heureusement qu’il y a ça. « Bon alors sœurette, comment tu vas ? » « Bien et toi ? » Tu veux tout savoir de sa vie. Est-ce qu’il est toujours avec sa copine ? Est-ce qu’il écoute toujours le même genre de musique ? Quelles sont les dernières séries qu’il a vu, est-ce qu’il en a à te conseiller ? Tu veux tout savoir. Quand tu te retrouves face à ton frère, t’as l’impression que ta vie ne tourne plus qu’autour de lui. « Les études, ça se passe bien ? » Tu lui expliques, tu lui dis la vérité. Et il te fait la morale, bien sûr. Il prend son rôle de grand frère très au sérieux. Tu prends quelques photos de lui, avec lui, et vous en riez. Et lorsque le temps de repartir arrive, tu le sers dans tes bras, comme si c’était la dernière fois. Tu ne sais pas quand tu le reverras la prochaine fois. Et tu sais déjà que pendant toute cette époque, ton frère te manquera atrocement. Mais tu le reverras. Tu sais que quoiqu’il se passe, jamais rien ne t’empêchera de revoir ton frère. Ce serait trop dur. Après tout, c’est lui ton modèle de vie.

MAMIE. « Je, je comprends pas. Ah non, mais franchement, je pensais pas Daniel comme ça. Oh mais franchement Mae. Non. Non, non, non. C’est pas bien ce qu’il fait. Moi j’ai, moi j’ai préparé un bon repas, parce que j’étais contente hein, j’étais contente de vous avoir à manger, mais il arrive pas, et il dit dans une heure. Mais c’est pas possible hein, parce que moi, dans une heure. Tout est prêt là, tout est cuit. Et ben, ils mangeront froid. Voilà. On mangera froid. Et moi qui vous avais préparé un bon repas. Un bon poulet. Et Daniel. Oh je le pensais pas comme ça hein, je le pensais pas comme ça. » T’es allongée sur le canapé de ta grand-mère, à l’écouter se plaindre, de nouveau, de ton cousin. « Je vais l’appeler. … … … Messagerie, oh encore la messagerie, bah hein, vraiment, je l’imaginais pas comme ça. Et ben on mangera froid voilà. » Elle dit ça d’une façon… A croire que c’est la fin du monde. « Mamie ? » Elle se retourne vers toi. « Oui Mae. » Tu relèves la tête, t’as envie de lui dire de se taire, mais tu le fais pas, parce qu’elle te pèterait une durite, alors tu lui dis l’autre chose qui te viens à l’esprit. « T’as préparé du poulet ? » Elle sourit. « Bah oui, pourquoi, t’aimes pas ça ? » Tu fermes les yeux. « Mamie, t’écoutes jamais quand je te parle ? Je t’ai dit déjà hier, et avant-hier, et à chaque fois que tu me proposes de manger chez toi, que je suis végétarienne. » Et le pire ? Au lieu de répondre, elle reparle de Daniel.

AMARA. Tu ne la connaissais pas, la première fois qu’elle t’a abordée. Tu l’as prise pour une folle, avec ses phrases qui n’avaient, selon toi, ni queue ni tête. En quelques minutes, elle a gâchée ta vie, que tu ne considérais pas parfaite, mais qui, tu t’en rends compte maintenant, l’était pourtant tellement. A cause d’elle, tu as découvert, que durant vingt ans, tu as vécu dans le mensonge. Ton père ? Pas ton vrai père. Ton demi-frère ? Aucun lien de parenté avec lui. Mais maintenant que tu t’es rendu compte que le sang n’avait aucune importance, c’est trop tard. Tu es bloquée dans cet hôtel, avec comme seule compagnie, une demi-sœur que tu n’aurais jamais pensé avoir. Et le pire, c’est que malgré que tout soit de sa faute tu ne lui en veux déjà presque plus. Le fait que tu sois censé resté bloquer avec elle probablement pour l’éternité te met certainement les choses en proportion.

KAT¹. « Mae, viens là ! » Tu t’approches de ta maman, et tu t’accroches à sa main, comme à une bouée de sauvetage. T’es en moyenne section de maternelle, mais aujourd’hui ta maman, elle t’a manqué. Comme tous les autres jours de la semaine, quand t’es pas avec elle. « Bon bah Maya, à une prochaine fois hein. » Tu te retournes vers la dame à qui parle ta maman. Elle a les cheveux frisés et les yeux marrons, et elle a une petite fille aussi. « Bah Sam, tu veux pas venir boire un coup à la maison ? » Ta maman accepte, et suis l’autre dame, avec une de ses mains dans la tienne, et l’autre qui tient sa béquille. Ta maman s’est cassé la jambe dans le métro en courant dans un escalier mécanique. « Je m’appelle Kat, et toi ? » Tu regardes la petite fille, elle suce son pousse, et elle a un doudou dans la main. Toi, t’as pas de doudou, et t’as jamais sucé ton pouce. « Mae. » Elle te sourit, et elle court devant sa maman. Elle te regarde, et tu cours avec elle, lâchant la main de ta maman. Et vous rigolez ensemble, et vous parlez de l’école, et des maitresses. Elle est dans ta classe Kat, mais elle a plein d’amis, alors que toi, t’es toujours toute seule. Le soir venu, ta maman dit que c’est l’heure de rentrer, alors tu lâches la poupée de Kat, et tu lui souris. « Meilleures amies pour la vie ! » « Meilleures amies pour la vie. »

KAT². « Pourquoi t’as dit ça à tout le monde ? » Tu baisses les yeux. Les deux autres filles, tes pires ennemies, sont à côtés de Kat. Elles veulent te voler ton amie. C’est pour ça qu’elles lui ont racontés ce que t’as dit en classe. Toi, tu savais pas qu’il fallait pas dire que sa maman était au chômage, tu savais pas qu’elle en avait honte, et qu’elle voulait que personne le sache. Tu savais pas que prendre sa maman en exemple était pas la meilleure des choses à faire. « Mais Kat, je… » Elle t’écoute même pas, elle tourne les talons et elle s’en va. Les deux autres filles restent là et sourient. « Maintenant, Kat, c’est notre amie, plus la tienne. T’es seule maintenant. » Cruelles à leur âge déjà. Méchantes filles. Tu pleures, devant tout le monde, c’est pas grave. T’es triste, t’as perdue ta meilleure amie. CE1. Début du CE2, Kat et toi êtes de nouveau meilleures amies. « Je suis désolée, je savais pas qu’il fallait pas en parler de ta maman. » Elle te sourit, et prends une madeleine dans ton goûter. « C’est pas grave, je t’en veux plus. » Elle fait coucou aux deux filles qui vous sourient, tu baisses la tête. Et tu prends pour manger la dernière madeleine. « Oh, tu la voulais ? Je l’ai prise, je pensais que t’en voulais pas. » Tu lui souris, et lui assures que c’est pas grave. C’est ta meilleure amie, et avec ta meilleure amie, tu partages.

KAT³. « Allô ? » Aucune réponse derrière la ligne, juste des ricanements. Méchants. Qui font peur. Tu raccroches rapidement. Et le téléphone sonne de nouveau. « Allô ? » « Mae, c’est ça ? » « Qui c’est ? » T’as 12 ans. Bien heureusement, t’as encore jamais vu Scream, t’as jamais entendu parler de ce film d’ailleurs. « On sait ce que tu as fait. On va venir te voir, et tu vas le payer. » Puis plus rien. Ils ont raccrochés. Et il y avait pas de numéro, c’était en ID masqué. T’as rien fat, tu comprends pas. T’appelles ta maman et elle répond rapidement. « Maman ? Y’a des gens qu’ont appelés à la maison et…et..et ils ont dit qu’ils allaient venir me faire payer…mais j’ai rien fait. Maman j’ai peur. » « Mae, ma chérie, la porte d’entrée est bien fermée ? Je rentre le plus vite possible. » Tu vas vérifier, elle l’est. « Je rentre vite je te le promets. Si le téléphone sonne, ne répond pas. » Le téléphone ne sonne plus jusqu’à ce que ta maman arrive. Tu sautes dans ses bras, en pleure, lorsqu’elle arrive. Et ta maman appelle la police. Et elle en parle à la maman de Kat. Et quelques minutes plus tard, ta maman vient te voir dans ta chambre, avec un sourire. « La police, elle a dit quoi ? » « Je leur ai dit que c’était une mauvaise blague qu’on avait réussi à régler. » Tu comprends pas, et elle te donne finalement des explications. « C’était Kat et Amy qui ont voulus te faire peur. Je pensais pas que Kat serait capable de quelque chose d’aussi tordu et d'aussi méchant. » T’as pleuré tout le reste de la soirée. Pour qu’elles aient fait quelque chose comme ça, elles doivent vraiment pas t’aimer. Pendant tout ce temps, elles se sont moquées de toi en disant être tes amies ? Le lendemain, Kat vient s’excuser, disant qu’elle pensait pas que ça te ferait réagir comme ça, mais tu penses encore que c’est pas vrai. Amy ne s’est jamais excusé.

STEF. « Mae, tu connais des tables de multiplications quand même non ? » Tu lui souris sarcastiquement et tu te lèves de son lit pour lui donner un coup de poing dans l’épaule. Ce n’est pas un méchant coup de poing, c’est le genre de coup de poing qui ne fait pas mal, mais qui partent tous seuls lorsque quelqu’un que t’aime bien se moque de toi. C’est un jeu. « Tu les connais pas ? Mae, t’entres dans un truc d’informatique l’année prochaine, et tu connais pas tes tables de multiplications ? » Il explose de rire et la seule réponse que tu trouves c’est « Gnagnagna ! » Ce qui le fait rigoler encore plus. Quel con ! « Bon ! Sinon, j’me suis tapé tout Londres pour une raison hein ! Tu m’apprends à les faire ces fractions ? » Il rigole doucement, mais son rire diminue petit à petit alors qu’il prend son livre de cours de terminal. « Alors, bon, est-ce que t’es déjà capable de me faire ça ? » Tu regardes l’exercice, et les yeux paniqués que tu lèves vers ton ami lui donnent manifestement la réponse dont il a besoin. « Et ben, on est pas sorti de l’auberge. » Un nouveau coup de poing de ta part, et vous êtes partis sur lui qui t’explique comment faire des fractions. C’est pas chose facile avec une allergique des maths comme toi. Les exercices enfin terminés, tu le regardes pendant un moment. Lorsqu’il parle. « T’es vraiment une bouse en math. » Le chic pour briser le moment ce type. Un nouveau coup de poing et des éclats de rires plus tard, il te dit finalement au revoir. « Oh en fait, faudra qu’on se fasse une bouffe un jour, je dois te présenter ma nouvelle copine. » Ah oui, c’est vrai. Sourire un peu forcé de ta part, mais finalement, t’es contente pour lui. « Pas de soucis. Écris-moi et on se fera ça. » « D’acc’ ma petite. » « Ciao le vieux. » Vous rigolez une dernière fois avant que tu sortes de son logement d’étudiant. Une fois dehors, tu souris. Ce Stef, toujours le même.

KAT⁴. « Mae ? » Tu te retournes pour te retrouver devant Kat. Tu as commencé à vraiment avoir une relation avec elle il y a quelques mois. Vous vous êtes revus après six ans d’absence totale. Et c’est comme si vous ne vous étiez jamais quittées. Sauf qu’elle a grandi, et toi aussi. Tu te souviendras toujours de la façon dont elle a ouvert la conversation. « Je suis désolée pour tout ce que je t’ai fait quand on était plus jeune. J’étais une vraie peste à l’époque ! Mais genre, vraiment ! J’étais une salope en fait. » Tu avais ris, et tu ne lui avais pas répondu. Et maintenant, c’était franchement d’elle dont tu avais besoin. Heureusement qu’elle t’a vu passer devant chez elle. « Mais qu’est-ce que tu fais là ? Il est super tard. » Tu lui souris. « C’est…compliqué. » Ta vie est basée sur un mensonge, c’est très simple au contraire. « Viens, on marche un peu. » Vous vous engouffrez dans Londres. Et lorsque vous arrivez loin, elle s’assoit sur un banc. « Kat, je vais pas m’assoir là, y’a des cacas de moineaux. » Elle rigole et se lève pour te suivre s’assoir sur un autre banc. Dans l’enceinte d’un hôtel. Vous avez parlés toute la nuit de ce qu’il t’était arrivé. « Mais tu sais ? Au final, ma maman, je l’aime. Et mon père bah, c’est mon père même s’il l’est pas, tu comprends ? J’avais juste besoin de prendre l’air. » Elle te sourit et pose une main amicale sur ton épaule. « On rentre ? » Tu hoches la tête, et lorsque tu essayes de marcher, tu es bloquée. « Kat ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » Et elle regarde derrière elle, voit l’hôtel, et elle a l’air de comprendre quelque chose que toi, tu ne piges pas. « Mae… Je pense qu’on va pas revoir nos mères avant un très, très long moment. On a atterrit au mauvais endroit. » Et lorsqu’elle t’explique, tu pleures.
Maman…

TATE. « Mae, tu viens jouer au ballon avec nous ? » Nord de l’Angleterre, t’es dans la maison de vacance de ton père, et Tate est là. Encore. Tate, c’est le premier garçon sur qui tu as craqué. De toute ta petite vie, maintenant que tu n’as que douze ans. Il est beau avec sa petite année de plus que toi, ses cheveux blonds frisés et ses yeux bleus. Et son indifférence totale à toi amoureusement. Tu t’incrustes dans le groupe de garçons. Louis, ton frère, Tate, et le petit frère de Tate. Un ballon de basket entre vous, vous vous amusez juste à vous le lancer. Rien de bien intéressant. Et pourtant, tu le loupes presque à chaque fois. Tu as peur des balles après qu’un garçon ait fait exprès de t’en envoyer une en pleine tête en cours de sport. « Alors Mae, comment ça va les amoureux ? » Tu veux leur parler d’Eliott, c’est ton petit ami. « Je suis avec un garçon, il s’appelle Eliott. Il est super. Il fait de la batterie. » Tate trouve ça intéressant, lui il fait de la guitare. Son petit frère fait de la batterie lui. « Et du coup, il a été mon premier baiser. » Et tu rougis en disant ça. Et t’as probablement envie de voir la réaction de Tate. Parce que tu sors avec Eliott, mais Eliott n’est pas là, Tate l’est. Et Tate, t’as toujours été amoureuse de lui. L’amour. Concept incompris. « Ah non. » La tête de ton frère et la tienne se retournent vers Tate. « Comment ça non ? » « C’est pas ton premier baiser Mae. » Tu fronces les sourcils. Bien sûr que si, c’est la première personne que t’a embrassé. « Non. La première fois que t’as embrassé un garçon sur la bouche, c’était moi. Je m’en souviens très bien, c’était sur le canapé de ton père. C'était un petit bisous entre deux amis qui comprennent pas les conséquences d'un baiser. » Tu dois être tellement rouge, ton frère explose de rire, et le petit frère de Tate aussi. Tu bugs un peu là. « Euh… Je… Non… Enfin, je…je m’en souviendrais je pense. » Il hausse les épaules. « Non, je pense pas. T’avais trois ans. » Trois ans ou pas, t’as embrassé Tate. Et c’est trop bien, parce que c’est un peu ton rêve qui s’est réalisé même avant qu’il ne devienne un rêve.

ELIOTT. « Il a combien de temps de retard ? » Tu as rendez-vous pour vos un an avec Eliott, et tu viens de retomber sur une amie que t’avais en primaire. Tu regardes ton portable. « Une heure. » Tu vas avoir treize ans dans quelques jours. Et de loin, tu le vois arriver. Il est beau Eliott. Et il est un peu bad-boy, t’aimes bien ce côté-là chez lui. Mais tu fronces les sourcils quand tu vois qu’il est pas seul. Tous ses amis sont là aussi. Gaël est là. Il est très beau Gaël. T’as été amoureuse de lui à une époque. Amour. Concept toujours incompris. Eliott s’approche de toi. « J’peux te parler ? » Tu hoches la tête et tu le suis à côté d’un bâtiment. Ses potes vous regardent. « Écoute Mae, t’es sympa, mais en fait, tu me dégoutes. T’es trop grosse, tu te coiffes jamais, et je peux pas rester en couple avec quelqu’un qui me dégoute tu comprends ? » Ouch. T'es même pas si grosse que ça en plus. « Oui. » Tu es de glace, tu réagis pas, tu comprends pas ce qu’il se passe. Il repart avec ses potes, et il te laisse là, en plein milieu de la rue. Et tu rentres chez toi, et tu pleures, tu pleures, tu pleures. T’appelles Annie, et elle essaye de te réconforter. Et elle y arrive un peu. Et tu vas parler avec un ami sur internet. Et votre conversation t’achève. Il t’explique qu’il a fait un pari avec un ami. Il y a un an. Que pendant un an, son ami devait sortir avec la fille la plus moche qu’il connaissait. Et qu’il venait de casser avec lui. Tu trouves pas ça drôle du tout. Et quand tu le lui dis, il te répond que lui et Eliott si. Eliott. La fille. Pendant un an. C’est toi. Et sur le moment, que ton ami ne sache pas que c’était toi ne t’importe que peu, tu te remets à pleurer. Quelle belle première relation amoureuse.

NIEL. Le texto juste sous les yeux, tu souris tristement. Tu l’as cherché cette rupture. Niel, c’était le garçon parfait. Il avait cassé avec son ex pour être avec toi, et tu l’avais lâché au bout de quoi ? Cinq jours ? Pour les yeux d’un bel espagnol. Qui ne t’aurais jamais remarqué, à part pour se moquer de toi, probablement. Puis vous vous étiez remis ensemble, un jour avant la fin de la colo, quel utilité. Puis vous vous étiez revus, six mois plus tard. Vous aviez échangés une bonne dose de bisous, puis vous vous étiez mis d’accord. Vous restiez ensemble, mais comme vous habitiez loin l’un de l’autre, c’était jusqu’à ce que l’un de vous, ou l’autre, trouve quelqu’un. Le texto sous les yeux, tu souris tristement. Il ne veut pas d’une relation comme ça. Toi, tu ne veux que d’une relation, quelle qu’elle soit. Juste parce que tu veux te sentir aimée. Et tu as voulu trop, tu as tout perdu. Et tu sais, tu sais qu’il a eu raison de mettre fin à ce machin, parce que ce n’était pas sain. C’était dangereux, pour lui, comme pour toi. Tu lui avais fait du mal, et tu sais, au fond de toi, que si ça avait continué, tu aurais continué à le blesser. Après ce texto, tu sais que plus jamais, tu ne lui parleras. Niel est une partie révolue de ta vie. Totalement.

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